Carnet de route

AVENTURES AU ROYAUME DU MUSTANG

Le 23/11/2011 par Francois

AVENTURES AU ROYAUME DU MUSTANG

              JUILLET /AOUT 2011

 

 

 

Grande excitation en ce 29 juillet 2011 à la gare de Colmar, 9 membres du caf Colmar et du Caf Hautes-Vosges se donnent rendez-vous pour un long voyage qui va les mener dans un premier temps à Katmandou au Népal. Les neuf chanceux se nomment Birgitt, Gaby, Nadou, Sophie, Marc, Michel, Jean-Jacques, Pierre et François l'auteur de ce récit, mais nous n'oublions pas Fabienne, contrainte  d'annuler ce voyage pour les raisons dramatiques que nous connaissons. Elle sera dans nos pensées et dans nos cœurs tout au long de nos pérégrinations.

Train, bus, avion, escale à Doha au Qatar, véritable four surchauffé, et enfin Katmandou apparaissant dans les hublots de l'airbus qui se pose en douceur. La terre népalaise nous accueille, ainsi que Kiran notre guide pour les trois semaines à venir. Mulal, patron de l'agence Churen himal, bloqué par les embouteillages nous rejoint un peu plus tard. Bienvenue au Népal et collier de fleurs odorantes pour tout le monde. Le minibus nous dépose à l'hôtel Manaslu que certains d'entre nous connaissent bien, une petite douche, et nous voici attablés pour le dîner de bienvenue dans un bon restaurant avec spectacle. Premier plongeon en Asie, les jours suivants nous apporteront leurs lots de découvertes, d'étonnements, et de surprises.

                                                 BUCHERS DE CREMATION

Après un voyage de 24 heures, rien de tel qu'une bonne nuit réparatrice et d'un bon petit déjeuner pour repartir d'un bon pied. Cette dernière journée du mois de juillet est consacrée à l'approche de la culture, des religions, de l'histoire, et de l'architecture du pays. Accompagnés d'un guide culturel francophone, nous prenons le bus pour Bhaktapur, ville située à une quinzaine de kilomètres de Katmandou. La matinée se passe en visites diverses de temples, monastères, le tout sous un flot d'explications plus ou moins complexes. Le ciel décide d'ouvrir ses vannes pendant que nous sommes à l'abri dans une école de peintures de thangka, magnifiques chef d'œuvre de peintures minutieuses. Premier achat, premier mandala… et retour sur Katmandou. Nos pas nous transportent au premier niveau de la grande Stupa Boudhanath dont nous effectuons un tour complet. Notre curiosité d'européens nous pousse à accéder au site de crémation des corps, situé le long de la rivière Bagmati. Plusieurs bûchers sont allumés, nous assistons discrètement à ces cérémonies religieuses, à la dispersion des cendres dans la rivière, ainsi qu'aux bains de purification de la famille.

Au menu du dîner de ce soir : poisson, excellent au demeurant, et pêcher en rivière… restons sérieux, pas de rapprochement déplacé s'il vous plaît.

                                                BON ANNIVERSAIRE NADOU

Décidément, Nadou cela devient une habitude ! Tu semble y prendre goût ; l'Equateur, l'Ardèche, le Népal ! Tu t'arranges toujours pour passer le premier août avec nous ! A moins que ce ne soit nous qui désirons ta présence ? Bon on verra ça ce soir !  En attendant nous embarquons dans le bus qui doit nous mener en cinq à six heures à Pokhara, prochaine étape de notre voyage. Quel voyage, au milieu d'une circulation infernale ou l'on retrouve de tout sur la route, piétons, vaches, poules, mules, et en prime, un Sébastien Loeb au volant. Kiran, notre guide nous accompagne et ne nous quitteras plus tout au long de ces semaines à venir. A travers les vitres de notre bus, défilent des paysages de rizières, de plantations de bananes, de maïs, de montagnes atteignant les 5000 mètres d'altitude. D'après Kiran, toute élévation ne dépassant pas les 5000 mètres est considérée comme une colline, j'en déduit que toute ornière ne dépassant pas les 50 centimètres de profondeur est considérée comme un vulgaire petit trou. Et des petits trous, la route en est parsemée…

Pokhara est une jolie petite ville, bien proprette, en bordure d'un agréable lac aux rivages parsemés de fleurs de lotus, dominée par de belles collines… En arrière plan les Annapurnas sont censées nous révéler leur splendeur, mais dame météo en décide autrement. Nous rejoignons notre hôtel pour fêter dignement l'anniversaire de Nadou. Gewurztraminer et gâteau, rien de tel pour créer l'ambiance de cette soirée, complétée par un beau foulard, cadeau offert par Mulal.

                                                      DOUBLE DECOLLAGE

Réveil à 4h30mn, nous voulons être les premiers à l'aéroport pour avoir une chance de décoller. Cela fait une semaine qu'aucun appareil ne peut prendre l'air pour cause de mauvais temps sur Jomoson, petit aérodrome à 2700 mètres d'altitude aux portes du royaume du Mustang. En effet cette bourgade est le lieu de rendez-vous avec toute notre équipe népalaise de porteurs, cuisinier, sherpas, avant d'entamer notre trek ou plutôt notre aventure au travers du Mustang. A 5h30mn nous déboulons dans la salle d'attente déserte de ce petit aéroport et expédions rapidement les formalités nécessaires. A 9h40mn l'information tombe, « il y a une éclaircie sur Jomosson »nous nous précipitons sur l'appareil de 17 places d'Agni Air ( pour ceux qui connaissent) et nous voici dans les airs. Quelle chance, dire que cela fait une semaine qu'aucun appareil ne soit arrivé à destination et voilà le caf qui se pointe et qui décolle. Durée prévue du vol : 40mn. C'était trop beau pour être vrai, l'aérodrome de Jomosson est dépourvu de toute installation de guidage, et pour l'atteindre il faut emprunter une passe entre deux montagnes et en frôler une autre du bout de l'aile. Cette manœuvre délicate ne peut s'effectuer que par bonne visibilité, ce qui n'est pas le cas, la passe est totalement bouchée par une épaisse couche de nuages. Oh le beau lac vu des airs ! Eh oui! Nous survolons le lac de Phokara et nous voici posés à la case départ, déçu, dépité, anxieux, malgré les affirmations optimistes du pilote qui nous conseille de nous tenir prêt dans la salle d'embarquement pour un nouveau décollage. C'est qu'il a raison le bougre, une demi-heure plus tard nous voici courant sur la piste pour un embarquement précipité. Deux morceaux de coton dans la bouche, deux bonbons dans les oreilles (ou l'inverse, je ne sais plus dans la précipitation )et nous voici en l'air. Coup d'œil rapide sur les Annapurnas et le Daulaghiri partiellement dégagés, nous atteignons la passe le cœur serré, ouf ! Elle est dégagée. Malgré les rafales de vent qui nous chahutent, (nous nous cramponnons à nos sièges) l'atterrissage se fait sans problème et sous les applaudissements au pilote. Ou là là quel soulagement ! Dans la demi-heure qui suit plusieurs appareils vont profiter de l'éclaircie et se poser, mais nous apprendrons à notre retour que ce furent les derniers pour plusieurs jours.

Nous faisons joyeusement connaissance avec notre équipe de dix népalais, composée d'un cuisinier, d'assistants cuisiniers, de sherpas, porteurs, muletier, neuf mules, et un cheval. Avec Kiran notre guide, nous composons une caravane de 20 personnes et 10 animaux, impressionnant !!!

                                                             KALI  GANDAKI

Avant l'effort, le réconfort ! C'est bien ce que dit le proverbe ? Non ? Alors tant pis pour le proverbe, mais aujourd'hui pour notre premier déjeuner, nous procédons de cette manière, et apprécions en connaisseur les talents culinaires de notre cuisinier.

ZOUM-ZOUM ! (En avant) Le départ est donné par Kiran, notre caravane se regarde, s'ébroue, et s'ébranle d'un pas lent. Nous franchissons un pont suspendu et empruntons la piste qui longe la rivière Kali Gandaki. (Kali comme noire) Pas noire, noire, mais charriant des flots vigoureux et brunâtres. Nous longeons ses rives pendant près de deux heures et demie et posons nos sacs à Kagbeni, 2800 mètres d'altitude, premier village, première étape. A notre grand étonnement nos tentes sont montées dans l'arrière cour d'une lodge et il en sera ainsi tous les jours de notre trek. ( montage et démontage) Nous en profitons pour visiter le village et son monastère agrémenté du chant de ses moines. Le premier soir, l'installation dans nos tentes est assez folklorique pour ne pas dire un autre mot se terminant par …..lique, manque d'habitude, de place, mais surtout d'organisation de notre part. Les jours qui passent vont régler rapidement cette gêne.

Premier thé, suivi immédiatement du premier apéro auquel toute l'équipe est conviée. Il en sera ainsi tous les soirs, nous partagerons avec nos amis népalais une goutte… ou deux d'alcool, du saucisson bien de chez nous, ainsi que cacahuètes et autres gourmandises. Ce moment privilégié de rencontre autour d'un verre va créer des liens de sympathie et de bonne humeur réciproque, des liens se resserrant chaque jour un peu plus pour le plus grand plaisir de tous.

Avec toutes les fautes d'orthographe me caractérisant, je tiens à nommer chaque membre de l'équipe népalaise, car chaque membre mérite d'être nommé : commençons bien sûr par Kiran notre guide de trek, suivi par Sympathie, meilleur cuisinier du Népal et surtout du Mustang, des sherpas Soukbadou et Cashe, des assistants cuisiniers Rinzi, Latsman, et Sherré, des porteurs Dhann, Imann , et Kansha, du muletier Maîla.

Pour notre premier dessert, notre Cook Sympathie (il porte bien son nom), nous a confectionné un biscuit de bienvenue au Mustang que nous saluons par un tonnerre d'applaudissements.

                                         LES TUYAUX D'ORGUES DE CHHUSANG

Il est 6 heures du matin : Thé ! Thé ! Eh oui ! C'est par ces mots que nous sommes réveillés joyeusement chaque matin. Le thé est déposé devant l'entrée de chaque tente, nous sommes servis comme des rois. Dix minutes plus tard, c'est au tour de : 'Tatopani ! Tatopani !' Deux cuvettes d'eau chaude devant chaque tente, pour nos ablutions matinales. Six heures trente : petit déjeuner et quel petit déjeuner.

Afin de ne pas me répéter quotidiennement voici une description sommaire de nos repas ( j'en oublie, c'est sûr ) : Au petit déjeuner : thé, café, omelette ou œufs sur le plat, pomme de terre sautées, haricots, ou porridge, chapatis ou pain, confiture, miel.

Au déjeuner et dîner : Dall-bath, (plat national népalais composé de riz et de lentilles) pommes frites, légumes variés, momos, salade, fromage, dessert, le tout à volonté…L'heure du départ est fixée suivant les jours entre 7h30mn et 8h00. Plus nous nous enfonçons dans le pays, plus les montagnes se font belles, arides, sauvages. Nous ne sommes que le 3 août, c'est notre première journée complète de marche et à 11 h 00 nous faisons halte dans le village de Tangbe pour déjeuner sur le toit plat d'une maison tibétaine. Après une petite sieste, nous reprenons 'Pistare, Pistare' ( doucement, doucement ) notre bonhomme de chemin. Nous traversons pour la première fois la rivière à gué, de l'eau jusqu'à mi-cuisse et continuons dans son lit, sur des galets, accompagné d'un chien errant. En face de nous, une falaise sculptée par les intempéries nous présente ses tuyaux d'orgue, sur plusieurs niveaux, haut de plusieurs centaines de mètres, que nous longeons pour atteindre le village de Chele ou Tsailé 3050 m. Nos tentes sont dressées à côté d'un verger de pommiers et d'abricotiers. Notre cuisinier achète à chaque halte les fruits et légumes de notre consommation au propriétaire du terrain où nous campons. D'ailleurs au dessert de ce soir une tarte aux pommes sera la bienvenue. Cela fait marcher le commerce local et améliore un peu l'ordinaire de ces habitants très sympathique et très souriant. Un robinet bien placé dans le village nous sert de salle de bain, que demander de plus…

                                                        LA CAVERNE SACREE

Gentil le toutou, sauf qu'il a aboyé une bonne partie de la nuit et que ce matin nos yeux sont bouffis. Les chapatis du petit déjeuner sont avalés avec délice et nos brodequins nous transportent sur un large chemin, accompagnés du gentil toutou aboyeur qui se plait en notre compagnie, discret, fidèle, il va nous suivre toute la journée, malgré nos tentatives de le fourguer à un groupe d'italiens. Le chemin se transforme en un magnifique sentier, serpentant de vires en vires. A midi nous débouchons au col, en plein soleil, sous une chaleur torride. A nos pieds un spectacle prodigieux de gorges profondes, imbriquées les unes aux autres, mêlants leurs dédales tortueux et sombres aux couleurs vives des parois élancées. Nous pique-niquons rapidement sous ce soleil de plomb, et accompagnés par le survol des vautours nous entamons une descente de 450 mètres dans les profondeurs des gorges. C'est avec bonheur que nous nous déchaussons pour traverser la rivière rafraîchissante. Nous remontons en face pour pénétrer dans une caverne sacrée, des statuettes d'un dieu ancien y sont sculptées à même les parois. La remontée de 500 mètres en plein soleil va marquer nos visages et nos palais assoiffés, mais oh bonheur ! Une lodge bien placée nous ravitaille et nous requinque avec un coca bien frais. Toujours en compagnie de 'gentil toutou' nous descendons sur le village de Geling 3570 mètres. Le camp est monté, et à peine arrivés, une soupe nous y attend, suivi d'une excellente pizza. Quelle équipe !!! Pour la petite histoire, nous avons grimpé 1400 mètres et descendu 1000 mètres, pas si mal dans une telle fournaise. Est-ce la chaleur ? Nous ne le saurons jamais, mais ce soir, notre ami Pierre se pare d'une superbe érection…capillaire. A quoi donc pourrait-elle servir ??? Cheveux en bataille, cheveux qui vous travaillent !!! A peine couchés, voilà que la pluie se met de la partie, une grosse pluie. Nos tentes prennent l'eau, soit par le dessus, soit par le dessous, au choix. Mais, toutes les brochures vous le diront, il ne pleut jamais au Mustang…

                                             GURUN RINGPOCHE

Il a plu une bonne partie de la nuit. Au thé de 6 heures du matin, des grognements s'échappent par l'ouverture des tentes : Mes affaires sont trempées ! Nos pieds baignent dans une flaque ! Et que je t'en rajoute, à tel point qu'au dire de certains, leurs tentes étaient plantées trop en pente, limite sur paroi verticale, prêtes à glisser dans le vide…de leur imagination !!! Sûr que le whisky d'hier soir n'a pas coulé à l'horizontale !!!

Quoi qu'il en soit, le terrain est parsemé de petits ruisseaux chuchotant dans l'air matinal, et au-dessus de nos têtes, crevant la couche sombre et épaisse, quelques beaux sommets, tel le Nilgiri et le Tilicho, fraîchement saupoudrés, s'offrent à notre admiration. La propriétaire du terrain a allumé un feu de bois contre le muret d'enceinte, et sur de grands plateaux fait griller des grains de blé. Avant de quitter le village, nous visitons le monastère, et entamons la montée au col. Comme bien souvent, nous déjeunons soit sur le toit d'une maison, soit dans une pièce mise à notre disposition. Pour passer d'un étage à l'autre, point d'échelle, mais un tronc d'arbre creusé de marches. Au courant de l'après-midi, nous passons devant le plus grand Mani du Mustang et même du Népal, 250 mètres de long, le soubassement peint d'une couleur rouge, censée représentée le sang d'un monstre, que la divinité Gurun Ringpoghe aurait tuée en ces lieux. Le mur aurait été bâti avec les intestins du monstre. Même les montagnes alentour auraient été éclaboussées par le sang de la bête…et bien sûr peint en lettres rouge sur de grosses pierres le mantra fondamental du Bouddhisme : 'OM MANI PADME HUM' ( il y a 3 trésors dans la fleur de lotus : La pensée, la parole, le cœur ) Nous approchons petit à petit du village étape, nommé Dhakmar 3800 mètres d'altitude, juché à proximité d'un torrent. Si les maisons reflètent une pauvreté extrême, les falaises surplombantes sont d'une beauté à couper le souffle. Nous cheminons longuement à leurs pieds, les yeux levés, admiratifs, scrutant ces roches, couleur ocre, parsemées de cavernes, d'anciennes habitations troglodytes. Nos tentes sont plantées au pied de ce décor somptueux, chambres à coucher transformées en palace, et si la richesse ne se trouve point à l'intérieur de nos modestes, mais confortables abris, ni dans les rustiques habitations tibétaines, elle croule au-dessus de nos têtes de tout son poids de beauté insolente, explose en un feu d'artifice à dominante rouge vif, couleur de sang, sang du dragon écrasé par Gurun Ringpoche…

                                              FEMMES AU TRAVAIL A MARANG

Il ne pleut pas au Mustang…ou si peu…D'accord, il a tout de même plu une petite partie de la nuit, et ce matin du 6 août l'herbe est plutôt mouillée. Par contre l'intérieur de nos tentes est presque sec, nos porteurs ont résolu le problème d'étanchéité. Les exclamations matinales et enjouées de notre staff népalais portent leurs effets et nos têtes souriantes apparaissent dans l'échancrure des fermetures éclair : zzzziiippp ! Namaste ! Thé ! Tatopani ! Petit-déjeuner ! Chisopani ! Tout le monde est prêt, alors zoum-zoum ! Oui mais, pistaré pistaré ! Car il nous faut franchir un col à 4000 mètres, et mieux vaut démarrer en douceur. Au passage du col, nous grimpons sur un promontoire et embrassons d'un coup d'œil circulaire, notre chambre à coucher de la veille et les merveilles qui l'entoure, la surplombe, la domine, l'écrase de sa beauté sauvage. Nous poursuivons notre chemin en compagnie d'une femme, hotte sur le dos, déterrant des racines sèches qui serviront de combustible. Le monastère de Lo-Ge-Kar Nigmapa, nous accueille pour une citronnade et le déjeuner. Selon la légende, ce monastère dédié à Gurun Ringpoche fut dans un premier temps édifié en Inde, mais sa construction fut vouée à l'échec par la divinité, qui désigna le Mustang comme lieu idéal pour l'honorer. Ses fresques sont peintes directement sur la roche. La place ombragée du village de Marang réunit les femmes de ce village dans leurs tâches quotidiennes. Elles lavent à la fontaine, de grandes quantités de feuilles d'une espèce d'épinards, contenues dans des hottes, et nous adressent de larges sourires de sympathie. C'est sous une fine pluie que nous arrivons à Tsarang, dominé par l'ancien palais du roi qui semble désaffecté ou tout au moins inhabité. Une visite du monastère situé en hauteur s'impose et nous permet en outre d'admirer le village et ses réserves de bois sur les toits. Chaque maison, dans chaque village du haut Mustang, constitue ainsi ses réserves de bois pour l'hiver, sur le pourtour de son toit.

                                       LO-MANTHANG CAPITALE DU MUSTANG

Zoum-Zoum à 7h50mn. Une journée de plat népalais nous attend, le plat népalais n'est pas uniquement constitué de Dall-Bath (riz et lentilles) mais aussi de raides montées et de non moins raides descentes, néanmoins la marche sur une bonne piste est des plus agréables. Gaby semble avoir mangé du lion et Jean-Jacques trotte comme un collégien, il est vrai que la température est idéale. Nous débouchons au col surplombant Lo-Mantang, simple brèche entaillée dans l'arête sablonneuse. Nos regards embrassent sa vallée parsemée de cultures multicolores, et encerclée d'un cirque aux colonnades grises, vertes, jaunes, ocres. Sur la gauche, passant par les ruines d'une fortification, la piste sinue entre les collines et rejoint la frontière tibétaine. Ce spectacle grandiose me laisse sans voix, les mots sont inutiles, déplacés. La vue de ces montagnes en toile de fond au-dessus de la ville, posé comme décor à perpétuité, efface toute velléité de paroles, même la bise légère s'efface, extasiée. La descente  nous entraîne aux portes de la ville fortifiée, aux maisons carrées, identiques dans tout le Mustang, percées de petites et rares fenêtres de bois ouvragé, parfois coloré. Elles ressemblent à des fortins, groupées, assemblées les unes aux autres, repliées sur elles-même. Une institutrice aligne ses élèves le long d'un muret, en bordure du ruisseau, quelle belle salle de classe !

Nous campons à l'entrée du village, au pied du mur d'enceinte. Une dizaine de minutes sont nécessaires pour rejoindre notre spacieuse salle de bain tout confort, un petit ruisseau murmurant parmi les pâturages. Nous disputons ses berges aux mulets curieux et têtus, bien décidés à conserver leur vert garde-manger, n'hésitant pas à déposer un beau crottin odorant au pied de Gaby en petite tenue. Marc et Jean-Jacques, co-locataire de la même tente, se chamaillent comme des gamins, s'éclaboussant, s'invectivant, se montrant une partie de leur anatomie d'un mouvement dédaigneux. Bonne ambiance, bonne humeur, plaisanteries, que demander de plus en des lieus aussi paradisiaques ? C'est Sympathie notre cuisinier qui détient la réponse, il clôture un dîner de roi par un chausson aux pommes à s'en lécher les babines, et même que Pierre nous refait une seconde érection capillaire. La porte d'entrée de la ville est cadenassée pour la nuit, pour quelle raison nous l'ignorons mais cela ne nous empêche pas de nous glisser dans nos sacs de couchage et de vous dire : Subaratri. ( bonne nuit )

                                                                 LES DALTONS

Lundi 8 août, journée de repos, eh oui ! Cela nous change du repos dominical ! La matinée se passe en visites de monastères entre-coupées de menus achats dans les boutiques de cette capitale de 2000 habitants. Nous assistons à la prière des moines, sourions aux élèves dans une école monastique. Dans un très ancien monastère, nous admirons le travail de Luigi, un italien passionné, qui dirige une équipe de restauration des peintures. Pour ce faire, il emploie la main-d'œuvre locale plus ou moins douée, formée sur place et effectue un travail absolument remarquable dans des conditions plus que difficiles. Plusieurs années de travail lui seront encore nécessaires avant de redonner à ce temple sa magnificence d'antan. Après-midi de liberté, chacun s'occupe à sa façon : Sieste, lessive, lecture, etc…

Michel, Gaby et moi, avons loué des chevaux, pour une balade de deux à trois heures dans les collines alentour. Pour tous trois c'est une première, nous n'avons jamais monté et c'est peu rassurés, accrochés, plutôt qu'assis sur nos selles, accompagnés des propriétaires amusés des chevaux, que nous quittons le campement, sous les regards un peu railleurs de nos amis campeurs. Chevaucher sur terrain plat est une chose, monter et descendre des collines en terrain accidenté en est une autre, il me semble d'ailleurs entendre des appels au secours provenant de la cavalière, sois-disant à mes trousses… Petit à petit, nous prenons de l'assurance, nous nous risquons même à pousser le 'ttttssssccchhh-tttsssccchhh' censé faire galoper l'animal. Un petit trot, bien agréable, nous suffit largement, pour rendre visite au troupeau de yacks disséminés dans ces pâturages d'altitude. ( 4000 mètres )

Voilà une façon différente et ma foi très plaisante de découvrir ce magnifique paysage aux confins du pays, et avoisinant le Tibet. Sur le dos de nos montures, nous regagnons enchantés le campement. Hélas, ( pour nous ) nos compagnons sont plutôt disposés à la moquerie et la comparaison avec les Daltons va bon train, je me fais même appeler 'Avrell', c'est paraît-il l'idiot du groupe… Ah qu'il fait bon organiser un trek !!! 

                                                                RESHAM QIRI RI

Il est 7h30mn, notre caravane quitte Lo-Mantang, point le plus au nord de notre boucle, nous revenons à présent vers notre point de départ, mais en passant à l'est de la Kali Gandaki, de l'autre côté des gorges, par d'autres versants de montagne, par d'autres paysages de plus en plus somptueux. Cet itinéraire est peu emprunté par les randonneurs, car plus compliqué de part la traversée des rivières, plus physique aussi. Arrivés au col, nous nous retournons et admirons une dernière fois ces images de bout du monde, derniers regards, dernières pensées, derniers pincements au cœur. Nous cheminons à flanc de montagne, avant d'entamer une fantastique descente dans une gorge escarpée, sur Dhi Gahon. Ce village respire la beauté, la propreté, c'est le plus beau village que nous ayons traversé, il mérite bien sa halte déjeuner. Mais voilà que les choses se corsent, le lit de la rivière nous attend, car de pont, point- il n'y a, c'est pieds nus ou en sandalettes pour les plus chanceux, shorts retroussés, qu'il faut s'engager dans le fort courant boueux, charriant des galets. Heureusement notre équipe népalaise est la pour nous prêter main forte, disons plutôt pied fort, car sans leur force, les appels au secours se seraient succéder. Je suis parmi les derniers à traverser, j'hésite d'ailleurs un bon moment, cette eau est vraiment 'chiso'. ( froide )

J'y vais ! J'y vais pas !' Inch Bouddha' ! Je m'engage, oulà-là que c'est désagréable de marcher sur des galets se dérobant sous mes pieds ! Que c'est froid !

Le chemin qui longeait le lit de la rivière a été emporter par les eaux, nous empruntons un petit sentier qui grimpe au travers des collines, parsemées de beaux pics sablonneux et effilés. La petite place du hameau de Yara accueille notre campement, mais une vache qui occupait ces lieus ne l'entend pas de cette oreille, elle se prend les pattes dans les tendeurs de nos tentes, et furieuse, nous dépose des cadeaux odorants. Il ne se passe pas cinq minutes avant qu'une femme vienne nettoyer proprement l'emplacement. Après dîner les habitants nous donnent une petite fête. Danses et chants résonnent dans la nuit, danseuses souriantes, douces mélopées tibétaine, ravissent nos yeux et nos oreilles. L'un de ces chants retiendra particulièrement notre attention, son refrain chaleureux nous poursuivra tout au long de notre escapade. Il relate l'éloignement des hommes, parti gagnés leur vie comme porteur et empressés de retrouver leur belle et tendre :

«  Udera jaun ki danda ma basaum resham qiri ri !  Les hommes volent vers leurs épouses comme la soie au vent! »

Bien évidemment la soirée se termine par danse pour tout le monde, nous y participons avec plaisir, notre équipe s'en donne à cœur joie et nous découvrons les talents de danseurs de Kiran. Il pleuviote quand nous nous couchons.

                                         TRAVERSEE DE DKECHYANG KHOLA  

Il pleut toujours quand nous pointons le bout de notre nez hors des tentes, la petite place s'est transformée en bouillasse glissante quand nous la quittons. Nos porteurs ont beaucoup de mal à replier le camp. La journée débute bien, nous traversons la rivière Puyung Khola, une rivière sèche, ce qui sous-entend en bon français : Pied sec ! C'est sans compter avec la quantité d'eau tombée du ciel ces derniers jours. Nous sautons de galets en galets, en essayant de ne pas trop prendre l'eau, la réussite n'est pas toujours au bout de chaque chaussure. La remontée sur le plateau d'en face nous apporte quelques instants de répits, avant de plonger en une descente très raide dans la gorge de la rivière Dkechyang Khola qu'il va nous falloir traverser, mais gros problème, les pluies ont fortement gonflé son cours. La tache s'avère compliqué, il faut traverser plusieurs bras, entrecoupés de bancs de galets, la rivière gronde fortement, son impétueux courant brun foncé n'a rien d'engageant. Heureusement notre équipe népalaise, aguerries à toutes les situations, équipées de gros bâtons, nous démontre ses capacités, « Dhanyabade à vous tous. » Il ne faut pas moins de trois népalais pour faire traverser un français, les visages sont grimaçants, crispés, les pieds sont douloureux pour ceux qui n'ont pas de sandalettes, le courant creuse sous les pieds et les galets roulent par-dessus.

Vous trouvez que j'exagère ! Alors jetez donc un coup d'œil sur les photos que ce garnement de Marc a prises ! Edifiantes !!!

L'un des porteurs s'étale de tout son long dans le courant, heureusement ses collègues tiennent bon. Le dernier à s'engager dans ces traversées énigmatiques est notre guide Kiran, il n'aime pas ça, mais alors, nom d'un Bouddha, il n'aime pas ça du tout. Il zigzague sur les galets, cherche un passage moins dangereux, ne le trouve pas, revient sur ses pas, l'air dégoûté, écœuré par toute cette eau et enfin, aidé par ses compagnons rieurs, traverse, sous nos regards amusés, mais pas trop fier non plus. Sur les bancs de galets, de nombreux fossiles n'attendent que d'êtres ramassés. Une très longue remontée nous attend, avant de franchir le col, lieu de rendez-vous pique-nique vers 13 heures. Montées, descentes, plats népalais, se succèdent au travers de paysages multicolores, de pics, de dômes, de colonnes, de tuyaux d'orgues, de vires, à la beauté insolente, époustouflante, ce qui fait dire à Pierre que ce pays est un cataclysme géologique absolument unique au monde. Sommes nous arrivés au summum de notre émerveillement ? Les jours suivants seront-ils fades après tant de merveilles ?

Dernière descente de la journée et vue sur le village de Tangge 3240 mètres, ainsi que sur nos toiles déjà prêtes à nous accueillir. De splendides chortens agrémentent ce village. Ce soir, nous nous offrons une bière bien méritée avec toutes ces émotions de la journée, et sympathie nous distribue derechef une soupe aux nouilles chinoises. Le chef du village nous rend visite et nous explique ses difficultés, nous contribuons par notre obole à l'entretien des sentiers reliant les villages.   

                       TANGGE - TETANG JOURNEE DE TOUTES LES BEAUTES

Cela fait des heures qu'il pleut, quelle boue ! Heureusement à l'heure du départ le ciel ferme ses vannes. Programme de début de matinée : Traversée de rivière sèche ! D'accord, nous avons compris ! Est sec qui peut ! Et bis pour la pièce de théâtre de la veille. Même gymnastique, même grimace : Oui ! Oui ! Je persiste et signe ! D'accord nous traversons tous ! Sans problème ! Hum !!! Disons qu'il y en a au moins un qui décide que cette fois ça suffit avec ces rivières sèches, il n'hésite pas, ne tergiverse pas, ne parle pas, il ne veut tout simplement pas traverser. Après moult réflexion, et de vaines recherches de passage salvateur, une moue de dégoût sur les lèvres, une grosse ride de contrariété barrant son front, il s'engage pour le meilleur ou le pire : «  INCH BOUDDHA . »

Non le pire ne s'est pas produit pendant sa traversée, ( nous étions aux aguets, le doigt crispé sur le déclencheur de nos appareils photos)  mais le meilleur, c'est quand, en sécurité sur la rive, il invective ces flots qui lui pourrissent la vie depuis des jours, et lâche d'un air hargneux : «  Cette S….. de rivière m'em….. » Fou rire général, vous l'avez bien compris, je parlais de Kiran, grand amoureux de rivières sèches !

A la suite de toutes ces émotions, huit cent mètres de dénivelée positive nous attendent d'une traite. Nous déjeunons à 4100 mètres d'altitude à côté d'une halte pour pèlerins et porteurs. C'est notre plus longue journée de marche depuis le départ,  elle se faufile maintenant sur un plat népalais à perte de vue. La vue, nous risquons de la perdre, si ce n'est la raison. Toute la beauté de cet ancien royaume, toutes les beautés du Mustang se sont données rendez-vous en cette journée. Nos yeux qui pensaient avoir tout vu, ne s'en remettent pas, nos têtes sont prises de tournis. A gauche, à droite, devant, derrière, partout, dans toutes les directions, ce n'est qu'une débauche, qu'une symphonie, qu'une explosion de couleurs, de gorges entre-mêlées, entre-lacées, de vallées profondes et mystérieuses, de pics friables et effilés, insultant la pesanteur, de demoiselles coiffées, blanches, ocres, multicolores. Le sentier serpente le long de précipices vertigineux, tapissés de glaives acérés, s'élançant vers les cimes. Les tuyaux d'orgues se superposent sur trois, voir quatre niveaux, chaque niveau sa couleur, beige, gris, violet, rouge sang. Des colonnes de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, colossales à en faire pâlir de jalousie les plus grands architectes grecs de l'antiquité, accolées, élancées, coiffées d'impressionnantes terrasses, striées de vires, placées dans ce paradis pour l'unique plaisir de nos regards éperdus. Le ciel se mêle lui aussi de la partie, une couche filiforme et laiteuse de nuages semble tirer un trait opaque sur une centaine de mètres d'épaisseur, libérant l'espace supérieur et dévoilant une chaîne montagneuse, étincelante de blancheur, lancée à l'assaut des cieux.

Marcher, avancer, dans un tel environnement se révèle une tâche bien difficile, mais soyons honnête, la bise frisquette soufflant de face nous oblige à baisser la tête  humblement, et nous cheminons avec beaucoup de modestie dans ces lieus divins. De lourds nuages noirs s'accumulent peu à peu à l'horizon et nous forcent à presser le pas, il est vrai qu'il nous reste 1100 mètres de descente avant d'arriver à Tétang. Pas si facile cette descente, même dangereuse et glissante en certains secteurs surplombant le vide. Nos mules se voient obligées d'emprunter un autre itinéraire. Deux de nos collègues, peu pressés d'arriver au campement, trouvent même le moyen de faire un détour par le village voisin. A nouveau notre camp est monté dans un décor de mille et une nuit…montagnarde, agrémenté de magnifiques fleurs, au pied de colonnes titanesques.

Au menu de ce soir, non vous ne rêvez pas : Pizza. Allez savoir comment se débrouille Sympathie pour nous confectionner une pizza géante avec les moyens à sa disposition. Le mot de la fin de journée revient à Kiran : Je ne suis pas fatigué ! Mais crevé… 

                                                                  MUKTINATH

Vendredi, 12 août, départ matinal, départ pour une rivière sèche, aussi sèche que d'habitude. Je la trouve froide, Birgit la trouve chaude, je trouve qu'elle exagère, et j'aimerais bien qu'on y rajoute un peu de tatopani. Bref, il ne s'y passe rien d'intéressant à relater.

Nos pas secs nous transportent dans un petit village, qui semble très vieux et très pauvre. Nous nous faufilons dans un incroyable dédale de ruelles, deux personnes ne pourraient s'y croiser, tellement elles sont étroites.

Un vent frais nous accompagne toute la journée, le paysage change, il reste un beau paysage de montagne, mais les merveilles du haut-Mustang sont derrière nous. De loin nous apercevons le mur d'enceinte du célèbre monastère hindou de Muktinath que nous traversons de haut en bas, observant les offrandes de fleurs, d'encens, ainsi que les 108 jets d'eau purificatrice. La ville se prépare à trois jours de festivité religieuse et est sillonnée de cavaliers chantants, de tireurs à l'arc, ainsi que de cavaliers galopants à toute allure et s'exerçant pour la fête du lendemain. Il pleut et il a beaucoup plu, résultat, notre emplacement de camp est assez boueux, nous dormirons donc dans les deux chambres réservées aux porteurs. Subaratri !

                                                              SOIREE DE FETE

Dernier jour de marche, principalement en descente. Nous croisons des cavaliers, des pèlerins, des enfants d'une école, des habitants des villages alentour qui se rendent à la fête de Muktinath. L'étape est un peu longuette et pour ne pas changer, le chemin a été emporté par la rivière. L'armée a été appelée à la rescousse et ce sont de jeunes et beaux soldats, tout sourire, qui nous aident et qui aident surtout nos amies cafistes à traverser. Voici Marpha, capitale de la pomme du Mustang, jolie petite ville touristique aux nombreuses boutiques qui nous accueille pour notre dernière nuit sous tente. Nous campons d'ailleurs dans un beau verger, aux hautes herbes mouillées. Demain matin, notre muletier nous quitte pour rejoindre son village, nous décidons donc d'organiser une petite fête pendant que l'équipe est au complet. L'apéro se prolonge, nous avons effectué quelques achats de gourmandises et nos amis du staff nous ont concocté un café népalais, du genre 45° d'alcool. L'ambiance bat son plein, les chants fusent, notre chanson fétiche «  resham qiri ri » est reprise en cœur par tout le monde et nous dansons, buvons, mangeons, et chantons, randonneurs, guides, cuisiniers, porteurs, muletier, tous réunis dans un même élan de bonheur partagé. Bien entendu, nous n'y coupons pas et « alouette je te plumerais »est entonnée pour la plus grande joie de nos amis népalais. Un magnifique et succulent gâteau avec les inscriptions : «  Au succès du trek du Mustang » vient clôturer ce dîner inoubliable. Avant de nous souhaiter : Subaratri, nous distribuons les enveloppes contenant les pourboires à chaque membre de l'équipe, pourboire amplement mérité.

                                                   TRANSPORTS EN COMMUN

Il est 7h15mn, il pleut, nous embarquons dans un bus pour Tatopani, petite ville thermale. Le petit bouddha placé en évidence au centre du pare-brise et son bâtonnet d'encens allumé sont là pour nous protéger, nous allons donc pouvoir continuer paisiblement notre nuit. L'interrupteur de l'autoradio est tourné sur volume maximum, mais c'est uniquement pour couvrir le doux ronflement du moteur, et nos futurs ronflements de dormeurs. Premier virage, premier coup de klaxon, applaudissements, mais ce seront les derniers avant longtemps. Très vite la piste s'annonce difficile ; Creux, bosses, passages à gué, roues à ras le précipice, annulent toute torpeur, nos yeux n'ont plus aucune envie de se fermer. Ainsi malmenés pendant plus de deux heures, nous ne sommes pas étonnés quand on nous fait descendre pour cause d'effondrement de la piste. Nous traversons à pieds, transportant nos bagages. Comme par miracle, un second bus nous attend de l'autre côté de l'effondrement, super, quelle organisation ! La piste devient de plus en plus mauvaise, à nouveau changement de bus et de chauffeur. Et c'est repartis, nos yeux sont rivés sur le précipice et son torrent furieux, la piste est très étroite. Glissement de terrain ! Nous commençons par être rodés, et empoignons rapidement nos bagages pour rejoindre un troisième bus qui sera le dernier, du moins nous l'espérons. Nous n'avons pas tout à fait tort, le bus ne passe plus, nous embarquons dans un camion bâché, conduit par un tout jeune homme aux larges lunettes de soleil. Peu rassurés nous surveillons attentivement le bord de piste : Stop, un énorme rocher bloque le passage. A l'aide de barres à mine et de beaucoup d'efforts, le rocher est envoyé dans les profondeurs. Ouf ! Nous passons ! Que se passe t-il encore ? Voilà qu'un pan entier de la piste est parti dans la rivière. Le camion fait demi-tour sans nous débarquer, nous pinçons les fesses, applaudissons à la fin de la manœuvre, et  bagages sur le dos nous descendons sur une trentaine de mètres le glissement de terrain, pour remonter en face, et continuer à pied sur la piste pendant dix minutes jusqu'au hameau de Gaza, halte du déjeuner. Et dire que nous pensions dormir dans notre bus, protégés par le petit Bouddha. Nouveau départ, mais cette fois en 4*4, Kiran m'a prévenu, pas d'arrêt à Tatopani, tant pis pour le bain chaud dans les thermes, nous continuons jusqu'à Beni, pour sortir au plus vite de ces gorges et des glissements de terrain. Il pleut de plus belle, la piste à changée, ce n'est plus qu'une succession d'ornières aussi profondes que boueuses, nos véhicules tout terrain chassent, se mettent en crabe, peinent à passer. Nous approchons d'un passage délicat, étroit, en montée et en virage, en contre-bas, la rivière est furieuse, déchaînée,  les chauffeurs préfèrent nous débarquer pour plus de sécurité. Notre équipe népalaise trottine à côt&a







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