Carnet de route

WEISSMIES (4024m) (traversée par l'arête sud est)
Le 20/09/2012 par Françoise
A l'assaut de la Weissmies (4027m)
Avec des vétérans et des plus jeunes (mais pas forcément les moins chevronnés), nous sommes dix. Notre chef de course Marcel va nous conduire (honneur aux dames): Geneviève, Michèle, Laure et moi-même, Christian, Marc, Frédéric, François (notre président) et Nicolas vers ce sommet dit PD+ mais qui, pour les quasi néophytes comme Michèle et moi reste un « exploit » impensable, inaccessible.
10h30, nous arrivons à SASS ALMAGELL, où nous allons prendre un télésiège qui nous élève rapidement à 1800m, petite variante de dernier instant proposée par Christian.
Nous gravissons ce joli sentier, très escarpé et sécurisé, sous un soleil radieux, les mélèzes qui le bordent sont travaillés par le vent, nous traversons deux ponts suspendus, c'est parait-il une rando familiale pour les petits suisses qui n'ont pas le vertige! Et nous retrouvons le chemin qui conduit au refuge ALMAGELLERHUTTE. Les sacs sont lourds, piolet, crampons, mousquetons etc obligent. Le soleil nous accompagne fidèlement.
13 h pause repas à l'ombre d'un énorme rocher équipé pour des exercices d'escalade... un petit coup de rouge est proposé par François à ceux qui sont tentés et nous reprenons notre ascension.
15h, L'ALMAGELLERHUTTE est en vue, les derniers mètres sont les plus durs à franchir... ouf... pause sur la terrasse. Nous nous installons dans ce refuge très accueillant.
20h le soleil arrose de ses derniers rayons un angle de la terrasse et jette sa lumière rosée sur les sommets... l'heure du coucher est proche, la nuit sera chaude dans ce dortoir bien isolé.
4H30 certains s'agitent déjà... Clac! Lumière! C'est l'heure! La nuit est encore noire, le ciel étoilé... une chenille de petites lumières dessine le chemin vers le col. Nos frontales sur la tête, nous allons la prolonger. Il y a environ 1200m à gravir jusqu'au sommet... avec l'altitude, les pas se font plus lourds... le ciel s'éclaircit progressivement... des lumières clignotent encore sur la ligne du col. Nous commençons à marcher sur la neige gelée. Le col dévoile sa courbe de plus en plus nettement. Sur la gauche, se dresse la Weissmies enfin dégagée et nous apercevons l'arête rocheuse, cahotique, que nous allons gravir.
A ce moment précis (7h15), le soleil se lève sur un océan infini de sommets blancs (bravo ,Marcel pour la synchro...) au loin: les Alpes italiennes, le Lac Majeur dans son écrin montagneux est perceptible à ceux qui ont la vue perçante... pause et contemplation!
Bientôt nous nous encordons.
L'ascension reprend, le souffle pour certains devient plus sonore... Nous escaladons les blocs rocheux, certains passages sont plus raides. Marcel prend plaisir à chercher de nouvelles voies. Etrangement, quand l'escalade se fait plus technique, la recherche de prise la rend plus ludique, presque plus légère... il y des temps de pause obligés, pendant que le premier de cordée cherche sa voie...
Vers midi, nous arrivons enfin sur l'antécime neigeuse, crampons de rigueur... (Hm! Je ne suis pas encore d'une extrême rapidité dans cette manoeuvre) Nous abordons l'arête neigeuse, le paysage est fabuleux, la ligne courbe de la crête est pure, limpide, bien dessinée au dessus des pentes neigeuses, immaculées, qui s'étirent vertigineusement vers le bas, de chaque côté. C'est tout simplement beau...
D'abord, la progression sur la crête est relativement confortable, même si l'attention reste de mise... Mais, surprise! sur la fin, l'arête s'affine dangereusement... faux pas interdit! La paysage disparait, je me concentre sur mes pas jusqu'au sommet... où nous nous retrouvons... accolades... embrassades... Pour 4 d'entre nous c'est le premier 4000!
Mais il est presque 13 heures. Grignotage rapide, rasade d'eau. Nous nous préparons pour la descente sur l'autre versant. Je suis la première de la première cordée, je suis scrupuleusement la trace laissée par nos prédécesseurs... Au début la pente est raide, bien planter les crampons! Puis elle s'adoucit, la trace épouse le flanc de la montagne. Un nouveau passage très raide, d'énormes séracs en surplomb, sculptures naturelles en perpétuelle transformation, une échelle métallique plantée dans la neige qui a servi 2 ans auparavant à franchir une crevasse aujourd'hui disparue... Nous longeons, contournons les crevasses, discrètes ou béantes, cheminons en zigzag... Vers 15 h, le soleil est toujours là, les orages annoncés ne sont pas arrivés, nous faisons nos derniers pas sur le glacier.
Le chemin qui mène au téléphérique n'est pas long, nous avons tout notre temps, pour ôter notre équipement, casser la croûte, enfin, partager les derniers bouts de chocolat, papoter.
Dernier départ, nous nous dirigeons vers la benne... de là-bas les premiers arrivés nous font de grands signes... il faut courir... La dernière benne part à l'instant!!!
Ouf! De justesse, juste avant fermeture!
Nous saluons la Weissmies et son glacier. Il y quelques heures nous étions tout là-haut...
Françoise