Carnet de route

Sur le fil du ciel, Traversée en arête du Morgenhorn à Bluemisalphorn

Sortie :  Bleumlisalp du 11/08/2013

Le 14/08/2013 par Cécile WEISS

 

James et moi, tous deux encadrants du Club Alpin de Colmar avons réservé un petit week-end pour trouver un joli sommet à gravir, sans difficulté dans l’idée de profiter de la montagne en toute confiance.

 

La date est posée à une période où les refuges sont souvent complets. Aussi, nous reste t’il la possibilité de poser un bivouac à la blümisalphutte qui surplombe l’une des plus belles vallées suisses, vers Kandersteg et le lac du Oeschinensee.  Une fois n’est pas coutume, la météo est de notre côté….

 

Je prépare dès le vendredi soir une « carte gâteau » (un gâteau au chocolat dont la circonférence entre tout juste dans mon porte carte.  Et nous voilà partis, James et moi, prêt pour faire équipe au départ de Grisalp le samedi après-midi pour atteindre le refuge par un magnifique sentier, qui serpente dans des pentes raides s’achevant par des séries de marches à faire bruler les cuisses.  Tout va bien, et les horaires de montées sont largement respectés, ce qui nous laisse le temps d’admirer les 3 grandes montagnes que nous avons prévus de parcourir le lendemain par leur crête.

 

Le samedi soir, la nuit des étoiles filantes, nous installons donc le bivouac sous la voute céleste pour une très courte nuit à 2800 mètres d’altitude.

 

Réveil 3h15, départ 4h30, le temps de tout replier dans la nuit noire.

 

Après 2 heures de progression à la lueur de la frontale, le jour fini par laisser apparaître un cadre somptueux.

 

Nous nous trouvons au pied de ces 3 magnifiques sommets, le Morgenhorn (3 668 m), le Wyssi Frau (3650 m) et le Blumisalphorn (3589m).  Nous les abordons par une première pente de neige très dure de plus de 45°, sur plus de 150 mètres de dénivelée.

 

D’un air entendu, James et moi comprenons que cette première montée nous engage à ne pas faire d’erreur.  On pose des broches à glace et les heures passent très vite. Le premier sommet est atteint à 7h30, en finissant par une corniche qui surplombe le grand glacier plat du Kanderfirn, 1000 mètres en contrebas.

 

Devant nous, s’étend la perspective de plus de 2km de crêtes.  Nous nous trouvons alors comme en équilibre sur une série d’arêtes aériennes entre neige et rochers, comme suspendus entre le fond bleu du ciel bleu azur et la vue magnifique des grands sommets environnants : l’Eiger, le Munch, la Jungfrau et l’Aletschorn.

 

En équilibre dans le ciel, nous enchainons en silence les crêtes enneigées, souvent en corniches, au-dessus d’un grand abîme rocheux à notre gauche et de pentes glaciaires très abruptes à notre droite.  Quelles barres de fer assurent les passages plus techniques en rocher.  Cette situation au-dessus de ces grands vides nous demande une concentration toute particulière et donne un rythme lent à notre progression.  Le temps passe sans que nous nous en rendions compte, à la fois par la concentration qu’exige l’itinéraire, et le fort engagement de cette course très exposée.

 

Il est 14h30 et nous atteignons le sommet de Blumisalp, reconnaissable par une croix marquant la fin de cette magnifique progression.

 

On essaie de manger un peu et la fatigue se fait sentir.  Le lac du Oeschinensee est aussi grand qu’une petite flaque d’eau bleue.  De notre petite plate-forme suspendue dans le ciel, nous admirons les sommets environnants.  L’immensité du paysage nous laisse croire que rien n’est habité dans ces montagnes.

 

James regarde le topo et n’ose pas me parler de ce qui nous attend.  On ne doit pas trainer, une longue descente suivant l’arrête nord est de 600 mètres, exposée en mixte et en rocher instable nous attend.  C’était aussi sans compter mon inexpérience des crampons sur ces cailloux de mauvaise qualité parfois en dalles lisses et friable.  Vous pensez bien, dès mon plus jeune âge, j’ai peur des crabes…James a la patience de supporter mes hésitations.  Très vite, on a compris que cette dernière partie allait être interminable.  Les ressauts rocheux m’ont apparus très raides et fatigants avant d’atteindre le col du Rothornsattel.  Effectivement le topo mettait en garde sur cette portion de parcours qu’il convient de ne pas sous-estimer.

 

Je pense qu’il était 18h00 à notre arrivée sur la dernière rimé.  Une pause bien méritée nous permet de récupérer.  Nous admirons les coulées de neige sur les pentes en contre bas de notre arête et les cliquetis inquiétants des chutes de pierres qui résonnent assez loin de nous.

 

L’altitude et la descente commencent à avoir raison de moi.  Reste à retrouver le dédale des crevasses du glacier qui nous fait serpenter avant de rejoindre le refuge.  Nous sommes que tous les deux, ce qui finit d’ajouter à la tension.  On trouve le meilleur itinéraire entre les crevasses que nous traversons avec précaution.

 

Il n’est pas tout à fait 20h lorsque nous atteignons enfin le refuge, après cette journée très intense et interminable.  Ayant un peu de mal à mettre encore un pied devant l’autre, nous décidons de dormir au refuge.  Notre concentration nous a obligés à rester silencieux et attentifs, à ne parler qu’à soi-même pour s’interdire d’avoir peur pour ne pas risquer de commettre un faux pas.

 

James a su démontrer toutes ses qualités de patience et sa grande maîtrise des choses.  Sans sa fiabilité, je n’aurais jamais pu m’engager dans cette aventure d’équilibriste, autour des plus beaux sommets des Alpes….

 

Un grand merci à toi, James.

 

                                                                                                            Cécile WEISS







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