Carnet de route
Rando alpine Derborence Fafleralp
Sortie : Derborence/Fafleralp dans l'Oberland du 18/07/2013
Le 08/11/2013 par FRITSCH Marcel
Grande traversée alpine Derborence/Fafleralp du 19 au 27 juillet 2013
C'est une équipe de 15 participants particulièrement motivés qui courageusement, dès le 1er jour et après 4h de route, a parcouru les 1100 m de dénivelé pour arriver au refuge de Prarochet. Le paysage d'abord fleuri et vert, garni de magnifiques vaches noires (race d'Herens) typiques de ces lieux, a petit à petit laissé la place à un paysage très minéral, les Lapis de Transfleuron. Mais c'est dans un écrin de neige que se logeait notre 1er refuge ! Peu importe, enfin un peu de repos.
Le lever du soleil dans ce paysage blanc d'une neige encore persistante de l'hiver passé, fut un enchantement...même si nous avons retrouvé la verdure avec plaisir. Après le col de Sanetsch, nous partons donc à l'assaut de l'Arpille par un sentier assez raide qui se termine sur une arrête et poursuivons à nouveau dans la neige, sous un grand soleil.
Tout à coup, lors d'une pause qui s'éternise, de longs et sérieux conciliabules ont lieu entre Marcel, notre chef de course et ses adjoints (sous-chefs) quand à la poursuite de l'itinéraire par le col des Audannes...qui, de loin, paraît bien enneigé et se trouve être très raide.
La sage décision tombe sans appel : itinéraire trop risqué, nous rebroussons chemin jusqu'au lac de Sanetsch. Sécurité avant tout !
Pas simple de prendre une telle décision : il fallait prévenir le refuge des Audannes dont le gardien avait assuré que le passage était sécurisé et surtout, trouver un nouvel hébergement pour 15 personnes un samedi soir...!!!
Mais Marcel à une bonne étoile en Suisse ! Après une longue descente, nous arrivons au lac de Sanetsch, bordé par une jolie Auberge où nous prenons un verre. Rien ne laisse penser qu'on peut y dormir, mais qui sait ?
Marcel revient ravi : on peut y passer la nuit dans un petit dortoir douillet, pour nous tous seuls, très cosy et confortable en prime ! Et bien entendu le repas du soir est assuré avec une animation des tenanciers dont tout le monde se souviendra, n'est-ce pas Nicole ?
Marcel, qui maîtrise parfaitement la situation, réorganise la suite en quelques coups de fils et le lendemain nous prendrons une benne et un minibus bus pour un nouveau départ vers la Wildstruebelhutte.
Mais c'est ce jour là que notre ami Jean-Luc prend la lourde décision de nous quitter suite à une tendinite aigue au genou.
Notre montée à la Wildstruebelhutte par la forêt et les alpages se termine une nouvelle fois dans un paysage minéral et recouvert de neige. Le lac où se reflètent les sommets nous fait voyager en Islande. Nous arrivons au refuge, perché à 2789 m, moins d'une heure avant que ne se déchaîne un orage de grêle...que nous pourrons admirer par le toit en partie vitré du dortoir.
La descente du lendemain par les lacs glaciaires de Retzligletscherseeli et Flueseeli fut un enchantement : des perles d' émeraudes nichées dans un écrin de verdure.
Quelques courageux y trempent les orteils, d'autres, totalement insensibles au froid s'y sont immergés ! Après ce délicieux rafraîchissement, notre descente se poursuit à travers des pâturages à moutons pour rejoindre un endroit féerique, digne d'un décor de Heidi : la clairière de Retzlibergli. La petite auberge du même nom nous accueillera pour une nuit dans un dortoir dans la grange, au-dessus de l'étable. Et, comme les jours précédents, c'est au retour de notre toilette improvisée à la rivière toute proche, qu'éclatera un orage tonitruant.
Bravo Marcel pour ce timing digne d'un grand chef !
Après l'orage et le dîner nous irons ensemble observer les "Siebenbrunnen", une particularité géologique faisant surgir du bas de la montagne, 7 cascades d'eau qui se rejoignent pour former la rivière...
Le lendemain, le sentier s'élève (1050 de dénivelé) et serpente au travers d' une flore riche (lys martagon, grande astrance, et bien d'autres), puis fait place à un paysage minéral de toute beauté jusqu'au col d'Amertepass, où nous déjeunerons au soleil entourés d'un paysage à 360°. Comme à leur habitude, les grands alpinistes du groupe nous énumérerons tous les sommets avec moult anecdotes de leurs ascensions passées !
Chacun admire à sa façon ces paysages sublimes et ces sommets majestueux...Mais c'est toujours avec joie que nous retrouvons les belles prairies fleuries de mille couleurs où de paisibles troupeaux de vaches nous rapprochent des hommes.
La pension Bärtschi n'est pas loin et c'est une fois de plus, peu avant l'orage que nous y serons au sec !
Après un demi de bière et une fois l'orage passé, une petite équipée "sauvage" guidée par Marcel, descendra joyeusement jusqu'à une superbe cascade en contrebas. Pour certains, les journées sont décidément trop courtes !
Le soleil n'est pas au rendez-vous ce matin pour notre 6ème étape, peu importe, l'enthousiasme du groupe est intacte et nous voilà repartis à l'assaut des Tschingellochtighore...qui ressemblent à des orgues basaltiques. Avant d'atteindre ce paysage intensément minéral, nous aurons la surprise de rencontrer de superbes salamandres noires, typiques de ces lieux, qu'on ne trouve qu'à partir de 1000 m d'altitude.
La descente jusqu'à l'auberge de Schwachenbach sera ponctuée de lacs glaciaires de toute beauté et d'un passage assez vertigineux dans des roches noires et friables vraiment pas rassurantes....pour votre narratrice.
Arrivés à l'Auberge avant l'orage, comme il se doit, nous aurons même le loisir de flâner encore jusqu'à un ensemble de lacs turquoises, étincelants...
Le soir au dîner nous ferons la connaissance d'une personnalité célèbre de l'Auberge :" Tomba, der Gipfelsturmer", Tomba le chat montagnard qui des années durant (il est décédé), suivait les randonneurs partis à l'assaut du Balmhorn (3709 m) et du Rinderhorn (3454 m)...
Le jour 7 fut tout à fait inhabituel : seulement 200 m de dénivelé...Marcel aurait-il fait une erreur ? Après avoir traversé un gigantesque troupeau de vaches toutes plus belles les unes que les autres, la descente se poursuit par un sentier botanique fabuleux : toute la flore alpine suisse y est représentée, en pleine floraison, un bonheur pour les nombreux botanistes du groupe. La Gästeretahl, splendide vallée au pied du Balmhorn, nous dévoile ses petits chalets en bois aux balcons fleuris, sa rivière tumultueuse et ses paysages variés jusqu'à l'hôtel Steinbock, gros chalet suisse posé sur la prairie. Un lieu propice au repos, à la lecture, à la lessive...et à l'exploration alentours.
Le lendemain c'est par un pont suspendu, identique à ceux que les suisses fabriquent au Népal, que nous traverserons la tumultueuse rivière qui arracha le pont d'origine quelques années auparavant...Une longue montée en lacets nous attend, qui nous fera, une fois de plus, traverser tous les étages de la végétation alpine : la forêt, les pâturages et enfin les pierriers encore recouverts par endroit d'épais névés. Après 1150 m de montée, le Lötschenpass se mérite ! C'est à nouveau l'émerveillement...d'un paysage à 360° qui égrène son chapelet de sommets enneigés...Longue pause déjeuner pour profiter de ce moment magique avant la descente vers notre dernière nuit en montagne au refuge de Kummenalp.
C'est le coeur lourd et la tête pleine d'images féeriques que nous redescendrons vers des lieux plus habités, en traversant la vallée du Lötschentahl par une succession de petits villages, jusqu'à Fafleralp, où nous attend le taxibus, mais également Jean-Luc, venu exprès rechercher ses compagnes de route !
Quitter la montagne est comme un arrachement à la beauté qui nous a donné tant de joie, d'émotions et de sérénité.
Un grand merci à Marcel Fritsch pour l'organisation parfaite, le soleil quotidien, le souci permanent de la sécurité et sa capacité à veiller à la cohésion du groupe et au bien-être de chacun.
Merci aussi à Francis, son "ministre des finances", pour sa grande rigueur dans la gestion des comptes !
Cathia Schmitt
