Carnet de route
Week-end Gsang
Le 07/02/2015 par FRITSCH Marcel
7 et 8 février 2015
Gsang petit Tibet alsacien
Croyez-moi, ce n’est pas un hasard si Marcel F a choisi ce lieu pour qu’à la nuit venue nous y déposions nos raquettes, nous y apaisions notre faim et y confions nos rêves jusqu’au lendemain…
« La marche, on a rien trouvé de mieux pour aller plus lentement…il n’y a qu’une performance qui compte : l’intensité du ciel, l’éclat des paysages. »
« Le bonheur qu’il y a à marcher dans le froid, c’est aussi pour avoir le sentiment de ce petit feu brûlant dans la poitrine.
La première énergie qu’on sent en marchant, c’est la sienne, celle de son corps en mouvement, un rayonnement continu et sensible…
C’est ensuite l’inépuisable force de la Terre, parce qu’elle est la Mère originaire, la nourricière, mais aussi parce qu’elle renferme en son sein tous les ancêtres morts…,
Ce sont enfin les paysages : ils appellent, ils mettent en demeure le marcheur, il est chez lui et les collines, les couleurs, les arbres le soutiennent.»
Nous étions 12 à cheminer, à papoter et à se taire… partant de Rimbach, passant à Basse Bers, Sternsee, col des Perches, Rimbachkopf, suivant la crête jusqu'à Belacker, Vogelstein, pour arriver au Gsang à la loupiotte en ayant laissé chanter en nous ces noms de lieux, gouté les diverses lumières de cette journée haute en couleurs, apprécié les sonorités sous nos pieds de chaque texture de neige différente, divaguant sur la page blanche ou approfondissant le tracé, à la queue leu leu, nous avons écrit un message éphémère, peut-être :
གསང་བའི་སྙིང་པོ་དེ་ཁོ་ན་ཉིད་ངེས་པ
Gsang ba'i snying po de kho na nyid nges pa
« Il y a secret parce que l’enseignement des tantra renvoie à une réalité qui ne saurait s’y inscrire qu’en creux, une réalité cachée parce que profonde, essentielle.
Il y a secret ou formulations énigmatiques, pour introduire les autres au caractère contingent des représentations conventionnelles et les conduire à délaisser leur attachement au langage littéral et à l’illusion réaliste du monde phénoménal. »
« La marche permet ces moments de solitude partagée. Parce que la solitude aussi se partage, comme le pain, comme le jour. »
Et le lendemain quittant le Gsang, vers Thannerhuebel, sans prendre la perche que nous tendait le téléski ! Rossberg, Belacker puis descente sur Rimbach, journée ciselée en noir et blanc, gsang des oiseaux : sitelles, mésanges, troglodyte mignon, et chamois joignent leur présence à notre compagnie.
Merci à chacun de vous pour ce moment partagé, particulièrement à notre guide !
(extraits de textes glanés chez F. Gros notamment)
AK
