Carnet de route

Carnet d'aventure Ecole de glace 2022!!

Le 23/11/2022 par Lea & Felix

L’école de glace, aboutissement de ce cycle de formation avec le CAF Colmar, excitation de ce dernier  trip tous ensemble. Une sorte d’expédition (logistique, débats existentiels entre les différentes vivres,  organisation du transport). Le groupe s’est agrandi avec d’autres apprenti.e.s alpinistes. 

[NDLR : Ce texte a été écrit en pleine digestion de croziflette et après une longue série de kaffee kuchen post-estivales par une cordée d’épicuriens amateurs de montagne, de bons mots et de bons  mets, veuillez excuser la lourdeur de ce carnet de route.] 

_Vendredi soir, col des Montets 20h : 

Fred et Laurent nous accueillent avec leurs histoires de grimpette de la semaine (dont l’une en évitant  un orage) et… l’apéro. Première nuit avec une partie du groupe sous tente, baptême du feu pour  Nicole. Visite guidée des véhicules aménagés (la tiny-car de Sarah), salade de scouts pour le mois de  Félix. Un spot de feu face aux Drus et une bonne nuit de sommeil pour être en pleine forme pour le  lendemain. 

_Samedi matin, gare du Montenvers 9h : 

Crémage d’écran total, cuisson à point sous les textiles techniques. Pour certains le réveil piquait bien,  une 2ème fournée est partie de Colmar à 4h45. On balance, Laurent V. notre dévoué organisateur du  week-end a failli rester à quai (il avait oublié sa carte Week-end +… ou un bug informatique ?). Un vrai  défilé multicolore de cafistes en pèlerinage à la Mecque de l’alpinisme et parmi eux des touristes  égarés bob ricard et birk à chaussettes (peut-être de futurs stagiaires ?) … Tous âges confondus, du  pré-ado au vétéran, du faste des dégaines qui brillent à l’usée jusqu’au slip. Sorte d’attraction de la  vallée, tel Euromir ou le train suisse d’Europa-Park… avec un aperçu sur les montagnes d’en face, les  pointes à pic mystérieuses, on révise encore bien nos nœuds pendant la montée. A peine sortis du  train, nous sautons dans les petits œufs direction la mer de glace. A croire que l’humain est proche de  marquer de son empreinte technologique le moindre recoin de nature. 

« Hélas pour les voyageurs, un drame s’est profilé au seuil du 21ème siècle. Car la féérie du réel, qui attire  les âmes curieuses et justifie qu’on se jette au cœur du monde, s’affadit. Toute la terre habitable a été  reconnue, relevée, partagée entre les nations. L’ère des terrains vagues, des territoires libres, des lieux  qui ne sont à personne est close. Le temps du monde fini commence. » Petit traité de l’immensité du  monde, Sylvain Tesson.  

On remonte le temps dans le passé, une descente dans les entrailles de la Terre, le bruit du métal des  escaliers infinissables, rendant accessible la grotte aménagée de glace. Un aménagement à outrance  d’un paysage magnifique, un soleil coupé par les Drus, une mer serpentant le long des cimes. 

Arrivée sur la mer de glace vers 10h30. Premiers pas pour la plupart d'entre nous sur un terrain  glaciaire. Une sensation unique de marcher en crampons au milieu des plus hauts sommets alpins, le  glacier nous laisse entrevoir ses mille reflets (et aussi ses puits sans fonds « où vaut mieux pas tomber  d'dans »). On se sent tout jeune devant les siècles que le glacier a vus passer. 

On se suit à la queue leu leu jusqu'à la zone d'atelier, aucun risque de se perdre, pas un pet de  brouillard ni un nuage, la météo est radieuse, l'écran total est utile, on finit en tee-shirt (mince, les  tongs sont restées au gîte). Il suffit de tendre l'oreille et de se laisser guider par la musique des  dégaines et des crampons qui font l'effet « crunchy ». 

Au menu de notre journée, ancrages, simulation de chutes, albalakov, premier mouflage en situation  très complexe... Merci les pense-bêtes plastifiés des encadrants ;)

L'heure tourne, il est 15h, tous les groupes redescendent petit à petit, direction la dernière montée en  œufs pour la gare de Montenvers, on décolle à notre tour. Fin de notre première journée sur le glacier,  on rejoint impatiemment le gîte sur Argentière en bavant devant les terrasses de bar et les marchands  de glaces, ce sera pour une prochaine fois. Notre gîte des plus authentiques à l'allure d'un écomusée  alpin sera notre QG pour ces quelques jours autour de Chamonix. On s'y sent bien.  

_Dimanche matin, gare de Montenvers 

Le lendemain, les encadrants nous tirent du lit (pauvres stagiaires que nous sommes...), objectif le  premier train du matin pour avoir un peu plus de temps sur le glacier. 

Reprise des grands classiques à partir de 10h : mouflage (« poulie or not poulie ? » nouveau roman  glaciaire de Willy Shakespeare), progression glaciaire, initiation à la cascade de glace (même le portable  cascadeur de Fred y a survécu) 

Journée dense en manipulations, en réflexion ("in situ glacies" comme on dit chez les Latins) et surtout  en émotions (Quoi ?!, ma vie tient à cette broche à glace vissée dans la glace semi-molle, il fait encore  très chaud ce jour-là). 

Sur le retour, notre regard se pose encore sur la mer de glace, mais pour combien de temps pourrons nous encore arpenter ces paysages glaciaires ?, conséquence aussi des activités humaines. En guise de consolation, un autre type de glace plus crémeuse nous attend au centre ville de Chamonix, pour les  plus gourmands d’entre nous. Une mer de glace fondante en bouche, métaphore d’une tragédie qui  se déroule sous nos yeux.  

Plusieurs questions s’éveillent alors en nous après ce péché mignon d’alpiniste… 

L’aventure, pourquoi faire ? La conquête des cimes, des continents, pourquoi l’Homme possède cette  soif de conquérir chaque coin du globe ? 

Comment « faire de la montagne » ou voyager de la manière la plus « éco-friendly » possible ? Pratique  assez paradoxale, on se rapproche d’une pratique de pleine nature et on s’en éloigne en même temps.  

Le « slowtrip », voyage à mobilité douce, fait de plus en plus d’émules. Pourquoi pas inventer le  slowalpinisme, nouvelle manière de pratiquer la montagne ? Déjà quelques idées de solutions, à méditer avec leurs avantages et leurs inconvénients : randonner à plus basse altitude, prendre  davantage de temps pour les marches d’approche plutôt que de « poser ses fesses dans un train » (à  prendre au second degré), rejoindre le terrain d’aventure en transports en commun... Alors alors, à 

quand une formation slowalpinisme au CAF ? 

« Peut-être est-il bon d’avoir dans son cœur des montagnes sur lesquelles on ne montera jamais. Des  sommets que nul souci de logistique et d’éthique n’est venu entacher. Des cimes que seul notre esprit  s’autorise à arpenter et qui continue de fleurir en nous, exaltant leur parfum de mystère… » A la  Verticale de Soi, Stéphanie Bodet 

Un chaleureux remerciement aux encadrants, co-encadrants et aux stagiaires de la formation  alpinisme 2021-2022 : James, Fred, Laurent V., Laurent B, Olivier, Pierre P., Laurent G., Sarah, Claire,  Nicole, Valentine, Pauline, Léa, Yannick, Alexandre, Thierry, Guillaume, Daniel, Félix. 







CLUB ALPIN FRANCAIS COLMAR MOYENNE ALSACE
1 RUE GEILER
68000  COLMAR
Contactez-nous
Tél. 06.42.07.21.59
Permanences :
Au local : jeudi 18:30-20:00
Agenda